C'est comme ça, j'aime être enceinte... J'ai un joli ventre bien rond mais lorsque la fin est proche, il devient vraiment encombrant et j'ai alors qu'une hâte: découvrir mon bébé!
Comme pour ses sœurs, je suis arrivée en fin d'après-midi à la maternité. C'était le 27 août. Cette date était là, dans ma tête, depuis un petit moment, mes accouchements étant déclenchés, il n'y a donc aucune surprise.
Mon col est dilaté à 2, il est long et mou... mou, tiens c'est une première. Après un monito de contrôle, la sage-femme m'annonce que c'est le lendemain matin qu'on s'occupera de moi. Deux autres mamans sont en cours de travail.
On me propose la même technique de déclenchement que pour mon aînée. Je suis rassurée, pour ma deuxième j'avais eu la perf d'ocytocine. Celle-ci permet un travail plus rapide mais la douleur ressentie lors des contractions de travail est beaucoup plus intense. Surtout celles-ci arrivent d'une seconde à l'autre. La sage-femme me pose le propess en matinée, un tampon qui permet au col de mûrir. Ce qui conduira ensuite au travail puis à l'accouchement.
L'attente paraît longue pour mes proches et pourtant tout est normal puisque le travail peut commencer jusqu'à 48 heures après la mise en place du propess. Pour ma part, ce n'est pas le cas. Pour patienter jusqu'au début du travail, j'ai choisi de relire Demain J'arrête de Gilles Legardinier. Un livre que j'aime beaucoup. Je sens que les contractions commencent tout en douceur en début d'après-midi. Rien d'alarmant, juste des douleurs comme celles ressenties lors des règles. Espacées de 5 minutes en fin d'après-midi, tout est encore largement supportable. Je tiens absolument à manger le soir... j'ai toujours peur d'être coincée en salle d'accouchement sans avoir pris de repas. Pour moi, c'est inimaginable de courir mon "marathon" le ventre vide. Vers 20h30, col mou, au 3/4 effacé mais toujours à 2, j'ai un nouveau monito de contrôle. Les contractions sont bien là toutes les 2 minutes mais je gère... encore un petit peu. Ce qui me stresse à ce moment là, c'est le rythme cardiaque de bébé qui est un peu élevé. J'aurais un nouveau monito de contrôle dans une heures environ. La sage-femme, pour cette nuit, c'est Pauline. C'est elle qui a posé ma fille aînée sur mon ventre il y a presque 4 ans. Aujourd'hui je la retrouve pour ce 3ème bébé. Elle me ramène un ballon dans ma chambre. Celui-ci m'aide bien et me soulage. 22 heures, on vérifie que tout va bien pour bébé. Son rythme cardiaque est parfait, juste comme il faut. Je suis rassurée! Papa-Facteur ne peut pas s'empêcher de déclarer "c'est bien un garçon, il aime déjà le ballon". Je ne souhaite toujours pas aller en salle de travail, je suis mieux dans ma chambre pour le moment car libre de mes mouvements. Je ne peux absolument pas m'asseoir, je préfère de loin marcher. La sage-femme repassera pour un petit monito vers minuit. La douleur des contractions s'intensifie. Je continue à me dandiner sur le ballon et à lire les pages de mon roman Demain j'arrête. Les deux combinés m'aident à gérer cette douleur. La fatigue s'accentue aussi. J'essaye de me reposer en m'allongeant sur le côté. Minuit, c'est l'heure du monito... être sur le dos, durant ces 20 minutes, est un véritable calvaire. Si j'avais été à la maison, c'est à ce moment là que je serais partie la maternité... sans savoir que j'aurais à peine eu le temps d'y arriver. Mon col est entièrement effacé puis à 3. La sage-femme me propose de prendre une douche puis ensuite, d'aller en salle de travail. Oui, cette fois je suis bien décidée à m'y rendre car la douleur devient de moins en moins supportable. Je commence à m'agacer pour un rien. Et cette chaleur... toute la journée, il a fait chaud, très chaud! L'été est enfin là on dirait... C'est péniblement que je traverse les couloirs. Une heure moins dix, la sage-femme prévient l'anesthésiste. Je ne suis pas très courageuse, je sais qu'il existe cette piqûre pour ne pas souffrir lorsque la douleur devient insupportable. Malgré le monito, il est hors de question que je reste allongée... ce n'est pas possible. Je m'assois donc sur le bord du lit. J'ai des nausées... papa-facteur a tout juste le temps de me tendre un "haricot". Mon col est maintenant à 6. La sage-femme rappelle l'anesthésiste. Entre bouffés de chaleur et contraction, dont le pic atteint des sommets, je commence à perdre patience. La puéricultrice m'aide à gérer la douleur comme elle peut... mais je n'en peux plus. 1h15... 3ème appel à l'anesthésiste et là, c'est le gag: "elle se lave les dents". La puéricultrice et la sage-femme se demandent si elles doivent en rire... ou pas, tellement c'est ridicule. Il se passe bien un quart d'heure... c'est n'importe quoi. Je commence à délirer. Je supplie même Papa-Facteur d'aller la chercher lui même "elle est juste à l'étage au dessus". D'habitude, je suis du genre discrète et pas chiante mais là, cette anesthésiste remplaçante me rend folle. Je l'appelle "Mme l'anesthésiste... je vous attends" mais elle ne vient pas évidemment. Je sais qu'elle est là dans le couloir tranquillement entrain de lire mon dossier. Papa-Facteur doit sortir à ce moment là. La puéricultrice m'aide à m'installer en tailleur pour cette péridurale. Je sers ses bras. L'anesthésiste est partie se laver les mains...elle respecte le protocole à fond puisque cela met un certain temps. A croire qu'elle fait tout pour me frustrer. Elle fait tourner la sage-femme en bourrique "où sont les gants", "non il me faut cette aiguille", "non pas ça, il me faut plutôt ceci", "Allez me chercher cela....". Désormais chaque contraction me fait pousser un petit cri, que je ne peux pas retenir... puis je serre de plus en plus fort les pauvres bras de la puéricultrice. Je crois bien que des larmes coulent de mes yeux maintenant. Larmes que je ne retiens pas... larmes de douleur qui seront bientôt larmes de bonheur... Je ne peux plus lire... Puis, j'entends cette phrase "c'est inutile de poser la péri... elle est entrain de pousser..." la sage-femme a compris... moi pas! Je suis toujours assise en tailleur... et je pense alors que je bloque mon bébé... Alors, je souhaite abandonner cette péridurale. Mais que fait l'anesthésiste à ce moment là... hop, elle me pique dans le dos. On se dépêche de me faire le pansement afin que je puisse au plus vite me rallonger. Je décroise les jambes, je me retrouve allongée la tête au milieu du lit et les pieds en dehors. La poche des eaux se perce. Plus le temps d'installer lit et étriers pour l'accouchement. Plus le temps de m'installer correctement, je sens bébé qui arrive. "Vous me laissez le temps de mettre des gants Mme S"... non, je ne peux même pas répondre. Je pousse et je cris sans le contrôler. Je sens le corps chaud de bébé avancer. Je sens sa tête pivoter. Je sens tout. Ah oui et Papa (oui puisque l'anesthésiste est toujours là à "brasser de l'air"...) il est toujours dans le couloir. Entre deux cris, j'arrive à articuler, "Appelez mon mari!". Il a à peine le temps de se mettre à mes côtés que je sens bébé glisser. La douleur cesse instantanément, je redeviens moi-même: calme et paisible... c'est (déjà!) fini! Au même moment, l’anesthésiste arrive près de mon mari... et que la voit il faire? Mettre l’anesthésiant de la péridurale... sans commentaire hein... La sage-femme et la puéricultrice ont fait preuve de sang froid. Elles se sont bien retenues de toutes remarques. En revanche, l’anesthésiste ne s'est pas privée de jeter la pierre à ma sage-femme "il faut m'appeler bien avant!"... vraiment?!? J'hallucine car c'est bien trois fois qu'elle a été appelé! La prochaine fois, elle réfléchira à 2 fois avant de se brosser les dents...
Le 29 août, 1h37, notre petit garçon est là, en peau à peau, sur moi. Il est en pleine forme et bien réveillé. Tout va bien, je m'excuse d'avoir hurler et certainement d'avoir réveillé tout le monde. J'ai honte... La sage-femme me rassure "c'est normal, la nature reprend le dessus. On souffre moins ainsi et les cris n'auront pas atteint les chambres", elle me félicite pour ce bel accouchement. Elle me fait remarquer qu'au 4ème, je pourrais accoucher seule. En effet, elle insiste sur le fait que cet accouchement était tout sauf médicalisé. Elle est désolée pour cette péridurale que je n'ai pas eu... Mais finalement, sans, c'était plutôt chouette, magique et plein de sensations. Mon 4ème accouchement sera très certainement sans péridurale! Et aussi, j'ai envie de cette belle surprise que ça doit être de découvrir si bébé est une fille ou un garçon le jour de sa naissance.
Juste quelques secondes de vie...
J'ai écrit ce post dix jours après la naissance de Mini-Facteur... afin de ne rien oublier. Au départ, je ne voulais pas le publier ici puis après avoir lu le récit de la naissance du petit Manolo de Rosa, j'ai eu cette envie de partager ce grand moment.
Waouh! Super accouchement!
RépondreSupprimerLE coup de l'anesthésiste, on croira un gag!
Je me retrouve dans ta façon de voir l'accouchement sans péri, ta façon de le vivre, les cris, la gêne...
Merci pour ce partage!
Magnifique récit ! VOus prévoyez donc un 4ème ;) Et du coup l'intervention de l’anesthésiste a été facturée ? J'ai choisit de donner naissance à mes 2 louloutes sans péri. 2 accouchements bien différents, mais tellement intense et magique. Si il y a un 3ème, la même, j'espère :)
RépondreSupprimerTu as bien fait de le publier, ton récit est magnifique (et me fait penser que je n'ai pas publié celui de Victoire), hormis la partie sur l'anesthésiste. Et y'a du scoop dans l'air aussi. Un quatrième ? Wahou je t'admire (ou te trouve folle hihi).
RépondreSupprimermerci à toi pour ce joli partage... moi qui n'ai jamais accouché et qui n'accouchera jamais ( j'ai eu une césarienne pour bbb) je suis toujours au bord des larmes quand je lis de si forts et beaux récits comme le tien et celui de rosa <3
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